Monsieur le Directeur de l'Art Culinaire, Paris
Monsieur,
Vous n'êtes pas sans avoir appris des journaux, que de nombreux cas d'empoisonnement ont été signalés de Bordeaux comme étant dus à l'ingestion de gâteaux à la crème.
De tels faits étant de nature à porter un sérieux préjudice à toux, ne serait-il pas du devoir de la Presse professionnelle de s'occuper de la question ?
Une fois pour toutes, il faudrait établir _ et cela d'une façon irréfutable si les assertions des journaux sont ou ne sont pas fondées et, dans l'affirmative élucider les points suivants :
1 Y a-t-il en comme il est à supposer faute réelle de la part du pâtissier, et alors en quoi consiste cette faute ?
2 Ou bien , étant données les conditions habituelles de la fabrication, peut-il se former, et cela à l'insu de l'ouvrier , sou l'influence d'une cause à déterminer, un ou des principes toxique pouvant amener la mort ou tout au moins des troubles graves ?
Dans le second cas, ne croyez-vous pas qu'il serait bon de faire paraître une note dans ceux des journaux qui ont rendu compte des empoisonnements qui ont eu lieu ; note indiquant nettement qu'il y a eu faute, et que par suite le discrédit qui frappe les produits similaires des autres maisons n'est pas justifié.
Dans le second cas, il ne faudrait rien négliger pour arriver à connaitre exactement les conditions dans lesquelles se forment ce ou ces principes toxiques, en chargeant de ce soin des hommes compétents.
Ce sont là , à mon avis, des questions qui ont une importance réelle, parce qu'elles sont d'un intérêt général ; questions que seule la presse professionnelle peut traiter avec l'autorité voulue.
Certes, on fera toujours des gâteaux à la crème ; mais il est un fait : c'est que pour le moment, et dans la région du moins, beaucoup de clients ne veulent pas en entendre parler. Ils y reviendront sans aucun doute ; mais encore faudrait-il leur prouver que l'intoxication par la crème est impossible ou ne peut avoir lieur que dans le cas d'une fabrication tout à fait défectueuse ; cela, à peine de voir la faute d'un seul retomber sur tous.
Veuillez agréer, je vous prie , monsieur, l'expression de mes sentiments distingués.
Un abonné.
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