Travailler en famille dans la restauration : ce qu’on ne dit pas

Pendant plusieurs années, j’ai travaillé en couple et en famille dans la restauration.

J’y ai mis tout mon cœur : on s’aime, on partage la même passion, on veut construire quelque chose ensemble.

Je pensais sincèrement que cet amour tiendrait lieu de ciment pour tout surmonter.

Quand les bonnes intentions ne suffisent plus

Peut-être vivez-vous la même chose : on se lance, pleins d’énergie et d’envie.

Puis le quotidien s’installe. Stress, fatigue, décisions dans l’urgence… Les tensions s’accumulent. Même en s’aimant, on finit par ne plus s’entendre. On ne se parle plus vraiment voir mal sauf pour gérer la logistique lorsque l'on arrive à se mettre d'accord et pas tout le temps alors il y en a un qui jette l'éponge...

À l’époque, je n’avais encore aucune formation en communication non violente ni en thérapie.

Dans la réalité du terrain, avec les journées de douze heures et la pression du chiffre, l’amour ne suffisait plus. L’espace pour respirer, se parler, se retrouver avait disparu.

Pourquoi je vous parle de tout ça

Je sais combien il est difficile d’avouer qu’on n’y arrive plus.

Dans ce métier, on encaisse sans broncher : sourire aux clients même quand ça craque à l’intérieur, courir partout à la fois, de la cuisine à la compta.

Et pourtant, rares sont les professionnels qui demandent de l’aide, par manque de temps , d'informations par peur du jugement ou encore des professionnels la tête dans le guidon, il faut y aller coûte que coûte.

C’est précisément lorsque j’ai décidé de tout arrêter que j’ai compris l’importance d’un soutien extérieur.

J’ai alors choisi de me former : d’abord à la thérapie psychocorporelle, puis à la médiation par la communication non violente.

Je voulais transformer mon expérience en ressources concrètes pour celles et ceux qui, comme moi, aiment leur métier autant que leurs proches, mais ne savent plus comment préserver le lien.

Ce que l’accompagnement change, concrètement

Un accompagnement n’est ni théorie ni discours creux : c’est un espace sécurisé pour poser les choses, souffler et clarifier ce qui s’est emmêlé.

On y explore ce qui ne va plus, sans chercher de coupable, pour comprendre le fonctionnement et les besoins de chacun.

On y redéfinit les rôles, on pose des limites, on apprend à se parler autrement.

Souvent, cela suffit : pas une révolution, simplement le droit de dire « je n’en peux plus » ou « j’ai besoin de toi » sans que tout parte en vrille.

L’engagement de La Fraternelle des Cuisiniers

La Fraternelle s’emploie à briser le silence sur la réalité des familles de restaurateurs et à proposer des ressources adaptées au terrain.

Un restaurant est plus qu’une entreprise : c’est un projet de vie qui mérite que l’on prenne soin, non seulement de sa rentabilité, mais aussi des personnes qui y consacrent leur énergie.

En tant que thérapeute et médiatrice, je suis fière de participer à cette démarche et de mettre mon parcours et mes outils au service de celles et ceux qui n’osent pas toujours demander de l’aide, mais en ont un besoin urgent pour continuer à avancer ensemble ou choisir de prendre un nouveau chemin.